Économie

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611 millions d’euros d’amende pour entente illicite dans l’électroménager

Douze fabricants ou distributeurs d’électroménager se sont entendus entre 2007 et 2014 pour maintenir des prix hauts et éviter la concurrence de vendeurs sur internet.

Illustration Dall-E

L’Autorité de la concurrence a frappé fort : douze entreprises du secteur de l’électroménager — BSH, Candy Hoover, Eberhardt, Electrolux, Whirlpool (en tant que successeur d’Indesit), LG, Miele, SEB, Smeg, Whirlpool ainsi que les distributeurs Fnac Darty et Boulanger — ont été sanctionnées de 611 millions d’euros d’amende. Entre 2007 et 2014, ces sociétés se sont livrées à des pratiques anticoncurrentielles visant à maintenir artificiellement des prix élevés sur de nombreux produits, au détriment des consommateurs.

Selon le rapport de l’Autorité, les fabricants imposaient des prix de vente minimum aux distributeurs en surveillant leur application. Ceux qui osaient s’écarter des tarifs recommandés faisaient face à des représailles, comme des retards de livraison ou la suspension de certains produits en exclusivité. Une attention particulière était portée aux plateformes en ligne, perçues comme une menace pour ce contrôle des prix.

Des pratiques organisées et documentées

Le rapport révèle que les fabricants avaient des échanges réguliers pour coordonner leurs actions avec les distributeurs. Des preuves écrites, comme des courriels, témoignent de la pression exercée pour que les prix restent conformes aux attentes. « Ces pratiques ont permis aux fabricants de limiter les promotions et aux distributeurs de maximiser leurs marges », souligne l’Autorité.

Ce cartel avait un objectif clair : protéger les prix en magasin face à la concurrence croissante du commerce en ligne, notamment des pure players comme Amazon. L’entente a permis de freiner les baisses de prix attendues sur des marchés hautement concurrentiels, privant ainsi les consommateurs d’offres plus avantageuses.

Des sanctions et des aveux

Les entreprises impliquées n’ont pas contesté les faits et ont accepté la procédure de transaction, ce qui leur a permis de bénéficier de réductions d’amendes. Parmi les sanctions les plus lourdes, BSH écope de 189 millions d’euros, suivi de Whirlpool avec 130 millions d’euros. Les distributeurs, eux, sont pénalisés à hauteur de 100 millions d’euros.

« Cette affaire rappelle l’importance de la libre concurrence et des règles strictes qui la protègent », a déclaré Benoît Cœuré, président de l’Autorité de la concurrence. Il s’agit de la plus lourde sanction dans le secteur de l’électroménager en France.

Cette affaire démontre, s’il en était encore besoin, que la concurrence est loin d’être le seul remède à la vie chère. L’Autorité de la concurrence a déjà sanctionné par des amendes très importantes des secteurs aussi variés que ceux des produits laitiers, de la lessive, des pneus, de la charcuterie, de la grande distribution et même des médicaments génériques. Elle espère prouver que le marché est surveillé, mais cette énième sanction va renforcer l’idée que d’autres ententes existent. Et que les amendes, même conséquentes, ne découragent pas certaines entreprises.

Un sujet dont nous reparlerons souvent dans Le Nouveau Paradigme.

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