Loi Duplomb, subventions destructrices, moins de pesticides pour plus de revenus, pauvreté de masse et mégafeux au programme de la semaine
Loi Duplomb : le Conseil constitutionnel sauve (partiellement) les abeilles
Mise en cause pour ses reculs environnementaux, la loi Duplomb vient d’être examinée par le Conseil constitutionnel. Reporterrerappelle que les Sages ont censuré la disposition la plus contestée, qui prévoyait la réintroduction de l’acétamipride et d’autres néonicotinoïdes. Pour la première fois, le Conseil s’est appuyé sur la Charte de l’environnement pour affirmer que le législateur ne peut priver les citoyens de leur droit à un environnement sain. Les mégabassines, en revanche, restent qualifiées « d’intérêt général majeur » : elles pourront toutefois être contestées en justice, nuance Reporterre. Cette décision, saluée comme historique, laisse entrevoir un tournant vers la non‑régression, mais ne l’instaure pas encore comme principe constitutionnel.
Subventions agricoles et biodiversité : un rapport accablant
Alternatives Économiques s’est penché sur un rapport conjoint de l’Inspection générale des finances (IGF) et de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable. Ce document recense 92,5 milliards d’euros de subventions publiques susceptibles d’affecter la biodiversité. Parmi elles, près de 8 milliards d’aides agricoles contribuent à la destruction des milieux naturels, notamment via la réintroduction de pesticides et la création de mégabassines. L’article souligne que, même si le Conseil constitutionnel censure en partie la loi Duplomb, cela ne suffira pas à enrayer l’effondrement de la biodiversité tant que ces subventions nocives resteront au cœur du modèle agricole. Ce rapport tombe à point nommé alors que s’ouvrent les négociations sur la future PAC 2028‑2034.
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Deux‑Sèvres : des agriculteurs plus riches sans pesticides
La Relève et La Peste relate une expérience exemplaire menée depuis 2012 dans la Zone Atelier Plaine et Val de Sèvre (Deux‑Sèvres). Sous la houlette du chercheur Vincent Bretagnolle, 135 agriculteurs volontaires ont réduit de 25 à 50 % leur usage de pesticides. Résultat : les rendements n’ont pas baissé et les revenus ont augmenté, grâce à la réduction des dépenses en intrants. Chaque hectare traité permet d’économiser jusqu’à 100 €. L’expérimentation démontre que la transition agroécologique est possible et rentable, mais elle reste limitée : les habitudes de consommation et les filières agro‑industrielles freinent la généralisation de ces pratiques.
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Pauvreté de masse : un symptôme de crise sociale
Selon un article deThe Conversation, le taux de pauvreté monétaire en France a atteint 15,4 % en 2023, son plus haut niveau depuis 1996. L’auteur, Hugo Spring‑Ragain, rappelle que cette hausse n’est pas seulement conjoncturelle : elle résulte de mutations de long terme, notamment la montée des emplois précaires, la stagnation des salaires et la dualisation du marché du travail. La pauvreté touche désormais des catégories jadis protégées, ce qui interroge la soutenabilité du modèle socio‑économique et menace la cohésion sociale. Face à ce « retour de la pauvreté de masse », l’article appelle à repenser les politiques de redistribution et de services publics.
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Mégafeux : le traumatisme et le déni face aux flammes
Dans un entretien avec Basta!, l’anthropologue Élise Boutié raconte le choc vécu par les habitants après les incendies majeurs en Californie et à Marseille. Elle parle de « traumatisme climatique » : stress post‑traumatique, insomnies, hypervigilance et tabou autour de l’événement. Malgré ces effets durables, les victimes cherchent souvent à oublier et à reconstruire, nourries par un imaginaire de conquête de la nature. Élise Boutié note un déni persistant du changement climatique et des responsabilités humaines dans l’émergence des mégafeux. Elle plaide pour reconnaître ces traumatismes et intégrer la prévention dans l’urbanisme, car « il n’y a pas de lieu à l’abri ».