Nestlé le prouve : les gros actionnaires sont bien les ennemis des travailleurs
Nestlé, c’est l’histoire d’un monstre qui n’a plus besoin de se cacher. Il suffit d’observer les résultats des trois premiers trimestres de 2025 : 70,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires, une marge au-dessus de 16 %, une croissance organique en hausse, des ventes dynamiques dans tous les secteurs. Bref, tout va bien. Enfin, tout irait bien si le but de cette multinationale n’était pas d’engraisser toujours plus ses actionnaires. Car dans le même communiqué triomphal où elle se félicite de ses résultats, Nestlé annonce 16 000 suppressions de postes d’ici 2027. Le lendemain, son action bondit de 8 %. Voilà la morale du capitalisme moderne : quand on licencie, on s’enrichit.
C’est ça, le « génie » libéral : transformer la souffrance en dividendes. Derrière les chiffres, ce sont des vies, des familles, des territoires broyés par un algorithme de rentabilité. Pendant que le nouveau patron, parachuté après l’éviction grotesque de son prédécesseur pour une « amourette », déroule son plan de « restructuration ambitieuse », les marchés jubilent. Ambitieuse, vraiment ? Ou d’un cynisme à toute épreuve ?
L’Etat complice
Et ce n’est pas un hasard si, en France, l’État ferme les yeux. Car Nestlé, ce n’est pas seulement un fleuron industriel, c’est aussi l’un des symboles du pouvoir de l’argent sur la puissance publique. Le scandale Nestlé Waters en est l’exemple parfait. Pendant des années, la firme a pompé et trafiqué ses eaux minérales sous le regard complaisant des autorités, jusqu’à obtenir, au plus haut niveau de l’État, le droit de continuer à vendre de l’eau « pure »… traitée. Une fraude écologique d’État, maquillée en partenariat économique.
Dans cette comédie, chacun joue son rôle. Le gouvernement cajole les actionnaires, ces « investisseurs » qu’il faut, paraît-il, rassurer, pendant qu’ils sabrent des emplois et pillent les ressources naturelles. Ce ne sont pas des entrepreneurs, ce sont des vautours. Avec pour seul horizon, le dividende trimestriel, et comme seule boussole, la courbe du cours de Bourse.
Le cas Nestlé concentre tout : la crise écologique, le mépris social, la déconnexion totale entre le réel et la finance. Le capitalisme n’est plus un moteur d’innovation, c’est une machine à pressurer les humains et à épuiser la planète. Quand licencier fait grimper le cours, quand trafiquer l’eau est autorisé au plus haut niveau, quand les gouvernements protègent les spéculateurs plutôt que les travailleurs, c’est qu’un système a pourri jusqu’à l’os.
Nestlé n’est pas une exception. C’est le symptôme. Et tant qu’on continuera à confier nos vies aux logiques du marché, les plans sociaux seront salués comme des victoires. Il faudra bien, un jour, renverser cette logique morbide et remettre la vie au centre de nos préoccupations.
(Photo Josh Eleazar)
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