Lecornu est prévenu : le chemin vers l’austérité est une voie sans issue
Ils étaient des centaines de milliers, ce jeudi, à manifester dans toutes les grandes villes de France. Avec un message bien précis pour Sébastien Lecornu : l’austérité que son prédécesseur a tout fait pour imposer, ce sera non. La politique de Macron, qui ne sert qu’une élite économique, plus personne n’en veut. Le nouveau Premier ministre ferait donc bien d’ouvrir ses fenêtres et de tendre l’oreille : il y a de la détermination dans la rue. Le message des Français est très clair : ils ne veulent pas payer pour une dette que les gouvernements successifs ont creusée.
La dette est devenue ce chiffon rouge qu’on agite pour justifier chaque recul social, chaque fermeture de service public, chaque réforme punitive. Et il est vrai qu’elle a explosé, surtout depuis 2017 et l’arrivée d’Emmanuel Macron. Non pas parce que les hôpitaux ou les écoles coûteraient trop cher, mais parce que l’État a arrosé les grandes entreprises sans la moindre condition : 211 milliards d’euros d’aides distribuées sans exiger ni embauches, ni effort en recherche et développement, encore moins d’engagement écologique. Bref, un jackpot offert aux marchés et la facture laissée aux contribuables.
La « politique de l’offre » consiste à soutenir les entreprises via des baisses des charges fiscales et des exonérations de cotisations sociales. Le tout en invoquant le fameux ruissellement, dont personne ne voit jamais la couleur.
En réalité, cette politique nourrit surtout les dividendes, creuse la dette et prépare les futures cures d’austérité.
Le pire dans tout cela, c’est que les « grands de ce monde » se relaient dans les médias pour nous faire la leçon, irresponsables que nous sommes. Lundi, sur France Info, c’est Thierry Breton, ancien ministre de l’Économie et ex-commissaire européen, qui voulait nous ouvrir les yeux, du haut de toute sa condescendance : « Il faut bien comprendre que lorsque l’on achète des médicaments dans une pharmacie, ce sont 10 euros qui resteront à la charge de nos enfants ». Rien ne les arrête pour essayer de culpabiliser les petites gens. Tant pis si l’on tombe dans la caricature.
Car si les tenants du néolibéralisme veulent tant faire baisser le poids de la dette, c’est pour éviter que soit remise en question leur « politique de l’offre ». Ce dogme consiste à soutenir les entreprises via des baisses des charges fiscales et des exonérations de cotisations sociales. Le tout en invoquant le fameux ruissellement, dont personne ne voit jamais la couleur. En réalité, cette politique nourrit surtout les dividendes, creuse la dette et prépare les futures cures d’austérité. Avec, à la clé, toujours le même scénario : les familles modestes et les classes moyennes se serrent la ceinture, alors qu’elles sont celles qui dépensent le plus dans l’économie réelle. Pendant ce temps, les plus riches épargnent tranquillement, à l’abri.
Il est temps de tourner la page de cette illusion comptable. Une politique de la demande existe, elle, et elle a fait ses preuves. Inspirée par Keynes, elle consiste à renforcer le pouvoir d’achat et l’investissement public, à relancer la consommation, à soutenir directement celles et ceux qui font tourner la machine économique. On peut même parler de « bonne dette » : celle qui finance des transports verts, des hôpitaux dignes de ce nom, des écoles capables de former les citoyens de demain. Une dette qui construit, au lieu d’une dette qui détruit.
Nos enfants n’auront aucune réticence à rembourser une dette qui leur aura offert une planète moins malade, une éducation solide et une santé publique digne. Mais qu’on ne vienne pas leur dire que le remboursement de l’aspirine de leur grand-mère hypothèque leur avenir. L’aveuglement idéologique des élites ne fait plus illusion. La rue est là pour le rappeler. Et le message au Premier ministre on ne peut plus clair : l’avenir ne se mendie pas, il se construit.
(Photo d’archive – Jeanne Menjoulet -CC)
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