Politique

Politique

Pas de censure, place à un budget taillé sur mesure… pour le RN

Il a manqué 18 voix, ce jeudi, à la motion de censure pour faire tomber le gouvernement Lecornu et son budget antisocial. Le Parti socialiste devra assumer tandis que le Rassemblement national va continuer à faire son nid sur le dos de la désespérance.

Était-ce la peur de perdre leurs sièges lors de nouvelles législatives ? Était-ce la folle pensée qu’ils pourraient réellement peser dans les débats au point de rendre un budget macroniste social ? Les députés socialistes ont tranché : le gouvernement Lecornu II vivra et aura tout le loisir de proposer son budget.

On nous promettait le redressement. Nous aurons l’étranglement. Le gouvernement Lecornu se veut « responsable » et « réaliste ». Traduction : il va sabrer dans tout ce qui permettait encore à une famille de classe moyenne de respirer, les plus pauvres étant déjà exsangues. Pendant qu’on fait mine de rétablir les comptes publics, on s’en prend une fois encore aux millions de Français qui peinent à s’en sortir.

Ce budget de comptable morose, sans horizon, aligne les coups de rabot sur la vie quotidienne. Retraites gelées. Allocations gelées. Franchises médicales relevées. Impôts déguisés. Tout augmente, sauf le pouvoir d’achat. Et pendant que les ministres nous expliquent qu’il faut « faire des efforts », le Medef sabre le champagne. Lui ne paiera rien, ou si peu.

Les économies sur le dos des plus faibles

Sébastien Lecornu, enfant modèle du macronisme, appelle cela une « politique d’équilibre ». C’est en réalité un jeu de dupes : 30 milliards d’économies réalisées en grande partie sur le dos des familles modestes, des classes moyennes, des retraités. Précisément ceux qui n’ont plus de marges. Ceux qui, depuis des années, absorbent l’inflation, les hausses d’énergie, les loyers délirants, une santé qui coûte de plus en plus cher. Et qui, demain, devront en plus financer les cadeaux fiscaux aux entreprises au nom de la sacro-sainte compétitivité.

Ce budget, c’est le triomphe du cynisme politique. Il prépare le terrain à celui qui prétend défendre le peuple tout en servant les puissants : le Rassemblement national. Chaque gel, chaque hausse, chaque facture impayée devient une voix potentielle pour Bardella. Le gouvernement taille un costume d’austérité sur mesure pour la colère sociale. Un costume que le RN n’aura plus qu’à enfiler.

Mais ne nous y trompons pas : le RN n’offre aucune alternative sociale. C’est un faux-nez, un miroir aux alouettes pour déclassés fatigués. Derrière le vernis « populaire », toujours la même recette : baisse des impôts pour les entreprises, recul des droits sociaux, préférence nationale qui divise les pauvres au lieu de s’attaquer aux riches. Bref, un macronisme avec des drapeaux. La différence ? L’emballage. Le fond reste identique car il s’agit de préserver les intérêts économiques d’une minorité en jouant sur les peurs du plus grand nombre.

La trahison de trop ?

Et la gauche, dans tout cela ? Le Parti socialiste vient de commettre une erreur historique dont il ne se remettra peut-être pas. Ses dirigeants, qui semblent être retournés vers le plus pur Hollandisme, pensent pouvoir adoucir ce budget, arracher quelques miettes pour sauver la face. Mais probablement soucieux de ne pas perdre des sièges qu’ils auraient bien du mal à conserver sans le NFP, ils se sont fait totalement manipuler par Sébastien Lecornu. Soit ils acceptent l’essentiel de l’austérité en se contentant de retouches cosmétiques, soit ils font tomber le gouvernement et offrent au RN le scrutin anticipé dont il rêve. Dans les deux cas, ils perdent. S’ils votent le budget, ils trahissent leur base et valident la politique qu’ils prétendent combattre. S’ils le rejettent, ils endossent la responsabilité de la crise et la population les verra comme des irresponsables, voire comme des alliés objectifs du chaos.

Le RN, lui, gagnera le gros lot : soit en dénonçant la compromission du centre, de la droite et du PS, soit en capitalisant sur l’instabilité provoquée par la chute du gouvernement. Cette énième trahison social-démocrate aura ainsi contribué à paver, une fois de plus, la route vers le pouvoir pour Marine Le Pen. Le PS se croyait habile. Il n’est que prisonnier d’un jeu dont il n’a jamais écrit les règles.

La vraie gauche, celle qui ne confond pas solidarité et communication, doit continuer à ronger son frein. Tout en cherchant le peu d’espace médiatique où les commentateurs ne les reçoivent pas « avec le couteau entre les dents ». Pourtant, elle seule porte de véritables propositions pour la redistribution des richesses : taxation progressive du capital, plafonnement des hauts revenus, réforme fiscale en profondeur. Des mesures concrètes, chiffrées, applicables. Mais voilà : c’est précisément ce qui fait peur aux grands de ce monde. Normal, donc, que dans un pays où neuf milliardaires possèdent l’essentiel des médias, on préfère parler de « réalisme budgétaire » plutôt que d’injustice sociale. La critique du capital n’a pas bonne presse quand elle menace ceux qui la possèdent.

Le mal se nourrit du mal

Oui, ce budget est dévastateur. Il étrangle les familles, maltraite les retraités, étouffe les classes moyennes. Mais il accomplit une prouesse : nourrir l’extrême droite tout en prétendant la combattre. Le macronisme n’a pas inventé l’austérité, il l’a rendue électoralement rentable. Plus il abîme les vies, plus il fabrique de la rage et plus le RN prospère. Un équilibre parfait, au sens darwinien du terme.

Les mêmes qui se posent en « remparts républicains » bâtissent la rampe de lancement du populisme autoritaire. Quand Bardella héritera des ruines, il n’aura qu’à promettre ce que Lecornu aura détruit. Le pouvoir d’achat, la dignité, le lien social : tout ce que ce budget piétine au nom du « réalisme » reviendra sous forme de slogans creux, servis par ceux qui n’ont jamais défendu le peuple autrement qu’en paroles.

On disait jadis : « le socialisme ou la barbarie ». Nous aurons peut-être la barbarie en costume-cravate et la comptabilité en guise de politique. À force de gouverner pour rassurer les marchés, on finit toujours par désespérer le peuple. Et quand le peuple désespère, il vote pour ceux qui promettent de lui rendre sa fierté, même au prix de sa liberté.

Un budget taillé sur mesure pour le RN, oui. Mais cousu main par ceux qui prétendaient nous en protéger.

(Image Assemblée nationale)

Notre site est accessible, sans abonnement, sans mur payant, sans publicité, parce que nous voulons que tous ceux qui le souhaitent puissent lire et partager nos articles.

Mais ce choix a une contrepartie : sans vos dons, déductibles des impôts, Le Nouveau Paradigme ne peut pas exister.

Nous dépendons donc exclusivement du soutien de nos lectrices et lecteurs.

Je fais un don pour LNP

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Back To Top