Réchauffement climatique : nous marchons d’un pas décidé vers la catastrophe
Le dernier rapport du Lancet Countdown, référence du genre, tire une fois de plus la sonnette d’alarme : la planète a franchi le seuil des +1,5 °C en 2024 et les conséquences sanitaires sont déjà dramatiques. Pire encore, les gouvernements reculent, les géants du pétrole se gavent et le pire reste à venir si rien ne change immédiatement.
On y est. En 2024, la température moyenne mondiale a pour la première fois dépassé de plus de 1,5 °c celle de l’ère préindustrielle. Ce n’est plus une prévision, c’est une réalité. Le Lancet Countdown 2025, fruit du travail de 128 scientifiques multidisciplinaires du monde entier, dresse un constat apocalyptique : les impacts du réchauffement sur la santé humaine battent des records. La crise climatique n’est plus une menace future, c’est un effondrement en cours.
Le monde brûle, littéralement, et les morts se multiplient
Entre 2020 et 2024, 84 % des journées de canicule n’auraient pas eu lieu sans le changement climatique. Les nourrissons et les personnes âgées sont les plus touchés : ils subissent désormais quatre fois plus de jours de chaleur extrême qu’à la fin du XXe siècle. Résultat, les décès liés à la chaleur ont grimpé de 63 % depuis les années 1990, atteignant plus d’un demi-million chaque année. En 2024, les fumées d’incendies ont provoqué 154 000 morts supplémentaires. Et ce n’est qu’un début.
Les sécheresses extrêmes ont frappé 61 % des terres émergées, un record. La pénurie d’eau potable s’aggrave, les récoltes chutent et 123 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans l’insécurité alimentaire en 2023. Les maladies tropicales gagnent du terrain : la dengue, la leishmaniose et les fièvres transmises par les tiques progressent à mesure que la planète chauffe.
L’économie malade, la politique complice
Le coût économique est colossal avec 639 milliards d’heures de travail perdues en 2024 à cause de la chaleur, soit 1 % du PIB mondial envolé. Les événements climatiques extrêmes ont provoqué 304 milliards de dollars de pertes cette même année. Pourtant, face à l’urgence, les dirigeants reculent. Les mentions du climat et de la santé dans les discours à l’ONU sont tombées de 62 % en 2021 à 30 % en 2024.
Le chiffre du basculement
En 2024, 84 % des journées de canicule n’auraient pas existé sans le changement climatique. Les décès liés à la chaleur ont augmenté de 63 % depuis les années 1990. Les pertes économiques dues aux événements climatiques extrêmes atteignent 304 milliards de dollars. Pendant ce temps, 956 milliards ont été dépensés pour subventionner les énergies fossiles.
Pendant ce temps, les majors pétrolières (Shell, BP, ExxonMobil, Chevron) multiplient les profits et les mensonges. Leurs plans de production dépassent déjà de 189 % le niveau compatible avec un monde à +1,5 °c. Les banques privées leur prêtent 611 milliards de dollars, soit 15 % de plus que pour les énergies vertes. La dépendance aux fossiles continue d’engloutir les budgets publics : 956 milliards de dollars de subventions ont encore été versés en 2023. Quinze pays y consacrent plus d’argent qu’à leur système de santé.
Les États-Unis, redevenus climatosceptiques sous Trump, se sont retirés de l’OMS et de l’Accord de Paris, sabordant la diplomatie climatique mondiale. En Europe, certains gouvernements allègent les règles d’émission ; ailleurs, on relance l’exploration du charbon. Le Lancet le dit sans détour : l’humanité file vers un réchauffement d’au moins +2,7 °c d’ici la fin du siècle. C’est une trajectoire suicidaire.
Et pourtant, la transition fonctionne
Les pays qui ont osé agir en récoltent déjà les fruits. En Chine, les émissions ont enfin reculé grâce aux énergies renouvelables, désormais responsables de 10 % du PIB. L’Union européenne tire 30 % de sa croissance de ce secteur. Le Royaume-Uni, qui a divisé ses émissions par deux depuis 1990, voit son économie verte croître trois fois plus vite que les autres secteurs. La preuve est là : la transition n’est pas une menace, c’est la seule planche de salut.
Le rapport appelle à une mobilisation générale des gouvernements, des villes, des entreprises, des citoyens, des soignants, des chercheurs. Car chaque tonne de CO₂ émise rend l’adaptation plus coûteuse et plus difficile. Il faut sortir des énergies fossiles, investir massivement dans les renouvelables, transformer nos systèmes alimentaires et renforcer les systèmes de santé avant qu’ils ne s’effondrent à leur tour.
Mais le Lancet met aussi en garde contre une autre épidémie, celle du déni. La désinformation orchestrée par les lobbys retarde l’action collective. Face à elle, la science, les médias et la société civile doivent reprendre la parole. Car le choix n’est plus entre croissance et écologie : il est entre la vie et la mort.
(Photo Jean Beaufort – CC)
L’air que l’on respire tue près de 5 millions de personnes chaque année
C’est une catastrophe sanitaire dont on ne parlera jamais assez. Selon la même étude, 2,52 millions de personnes meurent chaque année de la pollution de l’air provoquée par la combustion du charbon, du pétrole et du gaz. À cela s’ajoutent 2,3 millions de morts causées par la fumée domestique dans les foyers des pays pauvres. En tout, près de cinq millions de vies sont perdues chaque année simplement parce que nous respirons.
L’air pollué n’est plus un problème environnemental : c’est un tueur de masse. Il attaque le cœur, les poumons, le cerveau. Il provoque cancers, AVC, naissances prématurées, maladies respiratoires chroniques. Les enfants et les personnes âgées en paient le prix fort, piégés dans des villes où respirer revient à fumer un demi-paquet de cigarettes par jour.
Les chercheurs rappellent qu’il ne s’agit pas d’une fatalité. Dans les pays qui ont amorcé la sortie du charbon, les bénéfices ont été immédiats puisque la mortalité liée aux particules fines (PM2,5) a baissé de près de 6 %, soit 160 000 vies sauvées chaque année. En Chine, les politiques de transition énergétique ont permis d’éviter 46 000 décès entre 2018 et 2020. Là où l’air s’éclaircit, la santé s’améliore.
Ce que montre le Lancet, c’est que la lutte contre le changement climatique est aussi une lutte pour la survie quotidienne. Chaque tonne de CO₂ évitée, chaque mégawatt propre installé, c’est une bouffée d’air pour des millions d’êtres humains.
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