Repéré pour vous

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Désinformation, abandon des soignants, jets privés, IA et taxe Zucman au programme de cette semaine

La fabrique du doute climatique
 
Dans une étude inédite, des chercheurs dévoilent comment la désinformation climatique est activement utilisée pour freiner les politiques écologiques. Dans vert.eco, Théo Mourabi décrypte ses conclusions. Ainsi, plutôt que de nier frontalement la réalité du changement climatique, les nouvelles stratégies visent à diluer la responsabilité, minimiser l’urgence ou tourner en ridicule les solutions proposées. Les réseaux sociaux sont les canaux privilégiés de cette manipulation, facilitée par les algorithmes et l’absence de régulation. Cette désinformation n’est pas un accident : c’est une tactique politique, souvent orchestrée par des groupes conservateurs ou industriels, pour préserver leurs intérêts économiques au détriment de l’action collective. L’étude appelle à une vigilance démocratique accrue face à cette offensive invisible mais redoutablement efficace.

À lire sur vert.eco : « La désinformation climatique «est un outil pour ralentir l’action» écologique, révèle la toute première étude sur le sujet »

Canicule, loi Duplomb et abandon des soignants
Dans une tribune à cœur ouvert parue sur le site Reporterre, Thomas Senot, praticien hospitalier, anesthésiste-réanimateur au CHRU de Besançon, dresse un constat alarmant : en réduisant l’hôpital à une logique comptable, on sacrifie des vies. Alors que la France subit une nouvelle vague de chaleur, le personnel hospitalier alerte sur un point de rupture : démissions en cascade, épuisement moral, manque de moyens matériels pour protéger les patients les plus vulnérables. La « loi Duplomb », récemment adoptée, poursuit la logique néolibérale de désengagement de l’État en transférant aux ARS (Agences régionales de santé) un pouvoir accru de rationalisation budgétaire. Sur le terrain, cela se traduit par des fermetures de lits, des sous-effectifs chroniques et une incapacité à faire face aux urgences climatiques.

À lire dans sur Reporterre : Loi Duplomb, canicule : « Soignants, comment ne pas nous indigner ? »

Trump, cadeaux fiscaux et jets privés : le capitalisme climatique en roue libre
Le dernier projet de loi de Donald Trump, baptisé « Grand et beau projet de loi », adopté par le Sénat, rend permanent l’amortissement accéléré à 100 %, permettant aux entreprises — et surtout aux ultra-riches — de déduire immédiatement le coût total de certains biens, dont les jets privés, dès l’année de l’achat, rapporte Forbes.
Ce dispositif, qui avait déjà provoqué un boom du marché des jets sous la loi fiscale de 2017, représente un manque à gagner estimé à 378 milliards de dollars sur dix ans pour les contribuables américains. Un jet à 10 millions peut ainsi être amorti à 100 % dès la première année, réduisant considérablement l’impôt des acquéreurs.
Les critiques dénoncent une mesure taillée pour les milliardaires, sans bénéfice pour la majorité de la population. Selon le Yale Budget Lab, elle appauvrit les 20 % les plus modestes tout en enrichissant les 1 % les plus riches. Les groupes écologistes dénoncent également cette politique en contradiction totale avec l’urgence climatique, les jets privés étant parmi les moyens de transport les plus polluants.
Une réforme injuste, coûteuse et climaticide, saluée par l’industrie aéronautique mais condamnée par les démocrates et les défenseurs du bien commun.

À lire sur Forbes : « Comment le dernier projet de loi de Donald Trump facilite l’achat d’un jet privé pour les ultra-riches »

L’IA : bombe énergétique ou levier écologique ?
 
L’intelligence artificielle fascine autant qu’elle inquiète. Dans cet article à lire sur The Conversation, l’ingénieur et expert en énergie Jean-Marc Jancovici pose une question cruciale : l’IA est-elle une solution ou un problème pour l’environnement ? Les grands modèles linguistiques (comme ceux de Microsoft, OpenAI ou Google) consomment des quantités massives d’électricité, souvent produite par des sources non renouvelables. Mais l’IA peut aussi, bien utilisée, devenir un outil de planification écologique : gestion intelligente des réseaux électriques, optimisation des transports, réduction des gaspillages dans l’industrie. Le dilemme posé ici est celui du sens politique donné aux technologies : dans quel cadre, pour quel usage, et sous quelle régulation ?

À lire sur The Conversation : « IA : bombe énergétique ou levier écologique ? »

La « taxe Zucman » expliquée par Gabriel Zucman
Dans une tribune claire et engagée, Gabriel Zucman, économiste spécialiste des inégalités et de l’évasion fiscale, expose lui-même les fondements et la portée de sa proposition de taxe minimale mondiale sur les multinationales. Publiée dans Le Grand Continent à la veille du G20, sa prise de parole vise à rétablir la clarté sur un projet ambitieux, salué par de nombreux économistes mais encore débattu politiquement.
L’objectif : instaurer une taxe de 25 % minimum sur les bénéfices des multinationales, répartie entre pays en fonction de l’activité réelle (chiffre d’affaires, main-d’œuvre, etc.). Cette réforme s’attaque aux stratégies d’optimisation qui permettent à des géants comme Apple ou Amazon de ne quasiment pas payer d’impôts là où ils réalisent pourtant des profits massifs.
Contrairement aux compromis techniques insuffisants portés par l’OCDE, la « taxe Zucman » se veut un instrument de justice fiscale globale, clair, applicable unilatéralement par les États qui le souhaitent, sans attendre un consensus mondial. Il s’agit d’une réorientation politique : reprendre la main face à un capital mondialisé qui échappe depuis trop longtemps à l’impôt.
En France, cette proposition a franchi une première étape importante : adoptée à l’Assemblée nationale, elle a toutefois été rejetée au Sénat pour le moment. Ce clivage reflète les tensions persistantes entre intérêts économiques, pouvoir politique et exigence de justice fiscale.
Zucman, dans sa tribune, insiste sur le fait que tous les outils techniques existent : seule la volonté politique fait défaut.

À lire sur Le Grand Continent : « Comment taxer les ultrariches ? Cadrer le débat sur l’impôt plancher »

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