Green Deal en péril, élevage intensif, dette publique, info-climat et salaires au menu de la semaine
Green Deal européen : deux votes pour tout faire basculer
En pleine COP30 à Belém, l’Union européenne pourrait tourner le dos à ses engagements climatiques, raconte Reporterre. Au Parlement, le paquet « Omnibus I » vise à amoindrir la directive sur le devoir de vigilance, qui permet de tenir les multinationales responsables de leurs dégâts sociaux et environnementaux. Au Conseil, les Vingt-Sept pourraient prolonger jusqu’en 2035 les exonérations fiscales accordées à l’aviation, au maritime et à la pêche, soit 45 milliards d’euros de cadeaux annuels à des secteurs ultra-polluants. Pour l’ONG Bloom, c’est une « reddition historique » rendue possible par une alliance assumée entre droite et extrême droite et un basculement où l’Europe renonce à faire de l’écologie et des droits sociaux le cœur de son projet.
1 % des élevages, 50 % des animaux : le vrai visage de l’agro-industrie
Dans une enquête coup de poing, La Relève et La Peste et l’association L214 montrent à quel point la France s’est éloignée du mythe de la petite ferme familiale. Drones à l’appui, l’association documente des bâtiments géants où s’entassent porcs, volailles, ou encore poissons sans accès à l’extérieur pour la majorité d’entre eux. Résultat : 1 % des exploitations concentre la moitié du cheptel national avec des conséquences catastrophiques pour les animaux, les riverains et des éleveurs piégés dans une forte détresse économique et sociale. L214 réclame un moratoire sur les élevages intensifs sans plein air et fixe un objectif : diviser par deux le nombre d’animaux abattus d’ici 2030.
Dette publique : quand l’État paie une rente aux marchés
Dans The Conversation, l’économiste Jérôme Baray démonte l’idée d’une dette causée par un État « dépensier ». Il remonte au tournant de 1973, lorsque l’État perd la possibilité de se financer gratuitement auprès de la Banque de France et devient dépendant des marchés. Intérêts versés chaque année, privatisations, aides sans condition : un vaste transfert de richesses vers le secteur financier, tandis que les services publics se serrent la ceinture. Baray décrit une « gouvernance par la dette » où l’austérité devient aussi un outil de discipline sociale. Parmi les pistes : financement public à taux nul, conditionnement strict des aides, régulation des monopoles et taxation des rentes, y compris celles issues de l’IA.
COP30 : dix États s’engagent contre la désinformation climatique
À Belém, la COP30 ne se joue pas seulement sur les courbes d’émissions : pour la première fois, la désinformation climatique est traitée comme un obstacle majeur. Vert raconte comment dix États, dont la France, le Brésil, le Canada ou l’Allemagne, ont signé une déclaration inédite pour défendre « l’intégrité de l’information » sur le climat. Ils veulent lutter contre les campagnes de désinformation, protéger journalistes et scientifiques menacés, et soutenir des médias capables de fournir une information fiable. Pour les ONG, c’est un pas « historique », mais qui doit se traduire par des plans d’action ambitieux.
« Toujours moins » : l’obsession du coût du travail qui appauvrit tout le monde
Dans un entretien avec Basta!, l’économiste Clément Carbonnier démonte trente ans de politiques centrées sur un mantra : baisser le « coût du travail » pour créer de l’emploi. Exonérations massives (80 milliards par an), CICE ( Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), pacte de responsabilité, flexibilisation du marché du travail et réforme de l’assurance-chômage n’ont ni fait bondir l’emploi ni soutenu l’investissement. Elles ont surtout nourri les profits, creusé le déficit public et installé une véritable « trappe à bas salaires ». Clément Carbonnier plaide pour réorienter une partie des aides vers des services publics créateurs d’emplois (petite enfance, aide aux personnes âgées), financer de meilleures conditions de travail et remettre la négociation collective au centre.
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