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Agriculture Éditos

Le bien commun a Duplomb dans l’aile

C’est l’exemple même de ce que les politiques ne devraient pas faire : favoriser l’intérêt de quelques-uns au détriment de celui de la population. En décidant de passer en force la loi Duplomb à l’aide d’une obscure manœuvre parlementaire, le bloc central, la droite et l’extrême-droite, qui arrivent visiblement à s’entendre beaucoup plus qu’ils ne l’avouent, mettent en danger la nature et notre santé. Tout en faisant croire qu’ils sauvent les agriculteurs des affreux écologistes et de la gauche radicale qui ne rêvent que de les sacrifier sur l’autel de leur jusqu’au-boutisme. Le pire étant qu’une majeure partie de la population adhère à cette version de l’histoire.

Pour autant, qui peut encore croire qu’il est possible de détruire les ressources en les surexploitant sans que nos enfants paient la facture ? Qui peut encore penser que les engrais et les pesticides chimiques ne détruisent pas les sols, les pollinisateurs et les nappes phréatiques ? Qui peut encore nier que les mégabassines sont dangereuses pour nos réserves d’eau alors que les périodes de sécheresse se multiplient ? Qui ne s’est jamais rendu compte que nos pare-brises ne sont plus recouverts d’insectes lorsque l’on roule de nuit ? 

La politique menée depuis les années soixante-dix, qui visait à produire toujours plus, à créer des champions de l’exportation, était une pure folie.

Nous sommes en 2025 et les dégâts causés par l’agriculture intensive ont largement été documentés par la communauté scientifique. Personne ne pourra dire qu’il ne savait pas. Et contrairement à ce que beaucoup d’agriculteurs pensent, les politiques actuelles vont les détruire, et notre santé avec. On ne peut plus croire que la ressource est inépuisable ou qu’elle va se régénérer miraculeusement. Sauf bien sûr à écouter le premier syndicat d’agriculteurs, la FNSEA, dont le président est, en tant que grand ponte de l’industrie agroalimentaire, forcément un parangon d’objectivité. Tout comme le sénateur Laurent Duplomb, lui-même ancien haut dirigeant de la FNSEA. Il est évident qu’ils servent avant tout l’intérêt général et nullement la poignée de très gros agriculteurs qui dirigent leur organisation.

Si nos femmes et nos hommes politiques avaient le courage que leur mandat devrait leur conférer, ils auraient depuis longtemps pris leur bâton de pèlerin pour chercher à convaincre, exploitation agricole après exploitation agricole, que la politique menée depuis les années soixante-dix, qui visait à produire toujours plus, à créer des champions de l’exportation, était une pure folie. Ils devraient se battre pour que le pays entier se mobilise pour se réinventer. Car seule une agriculture respectueuse des sols, de l’eau et de l’air peut avoir un avenir. Et seule la production destinée aux personnes qui vivent dans le même périmètre que ceux qui produisent a du sens sur le plan environnemental. Bien sûr, il faudrait beaucoup d’argent pour réussir cette transition. Ou peut-être tout simplement une fiscalité courageuse qui favoriserait les productions les mieux disantes écologiquement et humainement parlant.

Mais pour ce faire, il faudrait que nos dirigeants aient le temps de se pencher sur ce genre de réforme ambitieuse. Or, ils sont très occupés à cacher les terribles conséquences de leurs politiques agricoles, comme lorsqu’ils demandent à l’administration de fermer les yeux sur les traitements mis en place par Nestlé Waters pour masquer les pollutions que l’on retrouve désormais dans le Perrier, l’Hépar, la Contrex et la Vittel…

(Photo CC)

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