Éditos

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Quand le PS offre aux macronistes le bâton pour battre les retraités

Le piège n’aura pas mis longtemps à se refermer. Depuis quelques heures déjà, les envoyés de Sébastien Lecornu se succèdent sur les plateaux TV et à la radio. Avec pour seul et unique message : « Vous (le PS) avez voulu que l’on suspende l’application de la réforme des retraites, il n’y a donc pas d’autre solution que de récupérer l’argent perdu chez les retraités ». Comprenez : « Nous allons mettre en place la sous-indexation pour nous payer sur la bête, ces horribles retraités qui sont partis tôt et avec un bon pouvoir d’achat ». Leur projet ? La sous-indexation, voire la désindexation des retraites. Elle consiste à revaloriser les pensions avec une augmentation inférieure au taux d’inflation afin de réduire les dépenses publiques. En cas de désindexation totale,  une mesure qui serait dans les tuyaux pour 2026 et 2027, ce serait tout simplement deux années à subir l’inflation sans la moindre augmentation. En considérant le taux de l’inflation en 2025, 1,2% selon l’Insee, un retraité dont la pension est actuellement de 1800 euros nets par mois perdrait plus de 550 euros, soit plus de deux mois de courses alimentaires. Une véritable entreprise de paupérisation de nos aînés.

Sur le plan politique, c’est l’échec total de la stratégie du Parti socialiste. Alors que ses députés avaient déjà été échaudés, en ne censurant pas le gouvernement de François Bayrou contre la vague promesse d’un conclave qui n’a pas fait reculer le pouvoir sur les retraites, ils ont réitéré leur soutien au macronisme pour « obtenir » la suspension de la réforme, une suspension devenue très rapidement un simple décalage dans le temps de sa mise en application. Ils se sont vus très beaux, persuadés que cette « grande victoire » allait les propulser de nouveau au premier rang de l’opposition de gauche. Et tant pis si pour cela il faut ouvrir la voie à l’un des budgets les plus anti-sociaux de ces dernières années. Et tant pis si pour cela il faut se mettre à dos ses anciens partenaires du NFP, qui n’auront finalement servi qu’à les remplumer lors des dernières législatives.

Il existe pourtant des vraies propositions de gauche

Un raisonnement à très courte vue. Tout d’abord parce qu’il semble enterrer définitivement tout accord futur avec la « vraie gauche », celle qui veut réellement transformer la société et qui se sent légitimement trahie. Ensuite, et quand bien même il y aurait quelques salariés pour les remercier de partir quelques mois plus tôt à la retraite, les macronistes sont en train d’expliquer à l’ensemble des retraités actuels qu’ils vont voir leur pouvoir d’achat baisser à cause de la concession faite au PS. Pas sûr que le calcul soit bon en termes de voix.

Un parti réellement à gauche pourrait se défendre face aux assauts du gouvernement Lecornu. Il avancerait qu’il existe bien d’autres solutions pour financer les retraites. Il proposerait, par exemple, de soumettre à cotisation des revenus aujourd’hui peu ou pas cotisés : épargne salariale, revenus financiers, intéressement, participation. Il saurait aussi expliquer qu’il faut à tout prix augmenter la part des salaires dans la richesse nationale (en les relevant significativement et en luttant contre le chômage) pour permettre une redistribution plus large entre salariés et actionnaires, et ce afin d’élargir l’assiette de cotisation. Et que si l’on faisait tout cela, il serait même possible de partir à 60 ans, voire à 55 ans lorsque l’on a un métier pénible. Il arguerait du fait que les retraités sont très utiles dans la société, dans les associations, dans les familles pour aider leurs enfants et petits-enfants. Et même dans l’économie s’ils ont le loisir de consommer.

Mais pour pouvoir dire tout cela, le PS devrait sortir du calcul politicien et se demander, une dernière fois, s’il est vraiment à gauche. Parce qu’il n’y a plus grand monde pour y croire.

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