Transition écologique : les promotions plus fortes que les bonnes intentions
« Je fais tout mon possible pour l’environnement » : seuls 13 % des Français se reconnaissent encore dans cette affirmation. C’est l’un des constats alarmants du baromètre GreenFlex-Ademe 2025 sur la consommation durable, qui met en lumière un désengagement croissant des consommateurs.
Lassitude psychologique, freins économiques, contradictions structurelles : les consommateurs français ne sont plus que 13 %, contre 18 % il y a un an, à adopter des pratiques durables. Le premier enseignement du Baromètre GreenFlex-Ademe sur la consommation responsable est plus que préoccupant . Ce recul est d’autant plus troublant que, paradoxalement, la sensibilité aux enjeux environnementaux s’affirme. Huit Français sur dix estiment que « la crise climatique nous oblige à revoir nos modes de vie et de consommation ».
Entre impuissance et culpabilité
Mais tiraillés entre des injonctions contraires, « consommer responsable » et « acheter toujours plus », la capacité à passer à l’action s’essouffle entre sentiment d’impuissance et culpabilité. « N’est-ce pas cynique de continuer à pousser le consommateur vers des produits dont il n’a pas besoin, qu’il ne voulait pas acheter, qu’il n’utilisera jamais ou qu’il revendra immédiatement ? », interroge à cet égard, Laure Blondel, directrice conseil de chez GreenFlex.
Soldes privées, promotions à saisir, avis des influenceurs, collections de vêtements renouvelées sans cesse… dans un univers saturé de messages incitant à la consommation, il est en effet difficile d’aligner convictions et comportements sans se heurter à un cas de conscience. Et à la désagréable sensation d’être toujours dupé, comme 51% des sondés l’ont exprimé : « globalement j’ai l’impression de me faire avoir en périodes promotionnelles. » Le rapport pointe également le rôle décroissant des médias dans la mobilisation écologique. L’absence d’un discours structuré et inspirant laisse le champ libre aux logiques marchandes.
Le coût des alternatives : un frein central
L’autre frein majeur à une consommation durable est son prix. Pour 61 % des répondants, les options écologiques sont jugées trop coûteuses. Impossible, particulièrement pour les ménages plus modestes, de faire face aux surcoûts qui leur permettraient d’être en phase avec leurs aspirations. Réparation, location, précommande… Les pistes évoquées demeurent marginales face à l’ampleur du modèle dominant.
C’est en premier lieu vers les entreprises que les consommateurs se tournent dans l’attente d’un changement. Ils espèrent des engagements concrets et non de simples slogans. Le greenwashing, toujours omniprésent, alimente une méfiance croissante. Près de 74 % des personnes interrogées plaident d’ailleurs pour un encadrement plus strict de la publicité portant sur des produits nocifs pour l’environnement.
Mais laisser la régulation du système entre les mains de ceux qui le façonnent ne saurait suffire. Sans vision politique ni coordination entre acteurs publics, privés et citoyens, la transition risque de rester un vœu pieux plutôt qu’un projet de société incarné.