Derrière le vernis bleu, la vérité de la surpêche dans nos propres eaux
Sous les projecteurs de l’Unoc-3 à Nice, Emmanuel Macron se rêve en héraut des océans. En coulisses, la réalité marine française tangue entre effets d’annonce, protections fantômes et même une réelle volonté d’aider les grandes sociétés impliquées dans la surpêche.
Derrière les slogans d’un sommet « décisif » pour les océans, la troisième conférence des Nations Unies sur l’océan (Unoc-3), qui s’est ouverte ce lundi 9 juin à Nice, laisse un arrière-goût amer. Officiellement, la France ambitionne de passer de 8,4 % à 30 % d’aires marines protégées d’ici 2030. Officieusement, une infime partie de ces zones bénéficie de véritables restrictions. Emmanuel Macron protège les océans comme on encadre un tableau : sans y toucher.
Pollution plastique, pêche illégale, transport maritime : les défis sont réels, les discours sont rodés… mais aucune contrainte juridique ne sortira de ce sommet. Le texte final, déjà ficelé à New York, ne parle ni d’énergies fossiles ni de sanctions. Pas même une vague protestation contre les principaux responsables du dérèglement climatique.
Le traité BBNJ, sur la haute mer, fait figure d’espoir, mais sans 60 ratifications, il restera lettre morte. La France l’a signé, c’est bien. Et quand bien même il aboutirait, l’appliquer réellement, ce serait mieux.
En attendant, Nice se pare de bateaux scientifiques, de débats ouverts au public et de sourires présidentiels. Le storytelling bleu continue, pendant que les abysses voient arriver les prédateurs.
Au Nouveau Paradigme, nous avons choisi, pour le lancement de l’Unoc-3 de vous présenter le travail du grand reporter Charles Villa. Il vient d’enquêter en mer du Nord aux côtés de l’association Bloom. Avec J’ai enquêté sur le scandale de la pêche industrielle, il montre à quel point les intérêts financiers et ceux de la sauvegarde de la planète sont incompatibles. Vous verrez comment d’immenses chalutiers détruisent tout sur leur passage, comment les Pays-Bas ont réussi à mettre la main sur la plupart des flottes européennes et, surtout, sur la majorité des quotas européens. Le tout grâce à un lobbying qui ressemble à s’y méprendre à celui qu’exerce la FNSEA dans le monde agricole.
L’on retrouve évidemment dans ce documentaire notre grand sauveur des mers, celui qui se pavane actuellement à Nice, alors qu’il est en première ligne lorsqu’il s’agit de défendre les grands industriels de la mer… et de tuer du même coup les petits pêcheurs.