Le libéralisme a réussi à nous faire réfléchir à l’envers
Ils ne s’en rendent même plus compte. Lorsqu’Emmanuel Macron et Friedrich Merz demandent de concert l’annulation de la directive européenne sur le devoir de vigilance des entreprises. Ils sont en totale contradiction avec ce qui devrait être le seul et unique objectif des hommes politiques : le bien-être des populations et de leur environnement. Ce texte était censé imposer aux entreprises les plus importantes de vérifier s’il n’existait pas, dans leur chaîne d’approvisionnement ou de production, des risques de travail forcé, d’exploitation infantile, de pollution ou de déforestation. Non, pour les dirigeants actuels, désormais à la remorque de l’Agent orange américain, seul le monde des affaires compte. Or, ils confondent la nécessaire planification de l’économie pour tendre vers l’objectif cité précédemment avec une libéralisation totale des marchés. Leur volonté inébranlable de rendre leur pays « compétitif » tire tout le monde vers le bas.
Il faut savoir si nous devons tout faire pour que chacun, même le plus mauvais d’entre nous, qu‘il soit de notre village ou de cette terre du bout du monde, puisse vivre décemment.
Et le pire dans tout cela est que les ultra-libéraux, les capitalistes les plus impitoyables, les grands chefs d’entreprise ont quasiment gagné la bataille des idées. Ils ont réussi à inverser totalement l’échelle des valeurs d’un trop grand nombre d’entre nous. Quand les classes moyennes ou les petites gens souffrent, elles regardent désormais avec haine les plus pauvres, les plus étrangers. L’origine de notre malheur ne viendrait plus de ceux qui exploitent, qui cherchent sans cesse à faire plus de profits au détriment des hommes et de la nature. Non, elle vient de ceux qui touchent des aides sociales. Ce sont eux qui nous enlèvent le pain de la bouche. Le problème n’est pas le dumping social, ce serait plutôt notre modèle social. Le problème ne serait pas les engrais polluants, mais plutôt les normes qui nous empêchent de tout détruire autant que les autres. Le problème n’est pas la situation dramatique dans certains pays d’Afrique, mais ceux qui cherchent à fuir. Le problème n’est pas de chercher les causes du terrorisme, mais de réussir à se venger le plus largement possible.
Les puissants n’ont pas seulement réussi à mettre la main sur les richesses de la planète en ne laissant que des miettes à l’immense majorité de la population, ils ont réussi à lui faire croire que c’était normal, ou alors que c’était la faute du voisin.
Il est grand temps de faire une pause, de réfléchir à ce que doit être réellement notre société. De savoir si nous devons tout faire pour que chacun, même le plus mauvais d’entre nous, qu‘il soit de notre village ou de cette terre du bout du monde, puisse vivre décemment sur une planète où l’on cherchera à sauver ce qui peut encore l’être. Ou si nous continuons à leur laisser les clefs du camion.